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tribulations argentines
25 août 2006

Mémoires aux disparus et vive le progrssisme de centre gauche

Dans le journal apparaissent toujours, en plus des chroniques nécrologiques, les annonces de célébration d’hommage, ou juste, la publication d’humbles souvenirs des familles en mémoire de leurs disparus sous la dernière dictature.
Ce mardi :

Emilio Mariano Jauregui,

militant révolutionnaire assassiné par la Police Fédéral durant la dictature de Ongania, 1969,

Ta fille Mariana Eva, ton petit fils Santino Ortiz et tous les compañeros se souviennent,

Prison à tous les responsables du génocide et aux responsables des repressions,

La commisiosn d’Hommage aux Disparus et aux Martirs populaires appellent à une commemoration.

            Adolfo Ernesto Chorni « Picho Mandel », disparu le 27 juin 1978

Mon cher petit frère Picho : je crois qu’avec moi, tu diras à ceux qui t’aiment : « Souvenez-vous de moi ! Continuez de vous souvenir de moi ! Qu’en invoquant mon nom, vous convoquiez la justice, la mémoire et la vérité !

            Laura Cristina Mujica disparue le 24 juin 1976

L’on se souvient de toi et de Carlos, pour ce que vous furent, pour vos sourires, pour votre engagement, pour votre rêve d’un pays de justice.

Nous n’oublions pas. Nous ne pardonnons pas. Nous continuons de lutter.

Bien sur, le gouvernement de Kirchner a permis de rouvrir plusieurs procès classé par la loi d’amnistie décrétée par Menem en 1990 qui pourrait être déclarée inconstitutionnelle, et quelques grands procès symboliques permettent au gouvernement de s’enorgueillir de sa commission d’enquête      , de son secretariat des Droits de l’Homme de la Nation.

Par exemple sont jugés  en ce moment Martinez de Hoz, ministre de l’Economie et Harguindeguy, ministre de l’Intérieur sous Videla, un autre de la pléiade de généraux de la dictature qui sévit en Argentine de 1976 à 1983, ou encore Miguel Etchecolatz, l’une des têtes de la « Bonaerense » un des corps de police, tristement connus pour avoir pratiquée la torture généralisée, (et en avoir exploré toutes les subtilités possibles initiés entre autre par quelques noirs vétérans de la Guerre d’Algérie) durant la dictature, dérives répressives qui se poursuivent aujourd’hui, car ce corps armé est toujours bien présent dans la vie des manifestants argentins.

Bref, Kirchner est sans doute moins pire que ces prédecesseurs, généaux dictateurs ou démaguogues neolibéraliste fondamentaliste et on entend quelques argentins dirent « c’est mieux que rien…. », mais la majorité gueule avec une rancœur effrayante « ce n’est rien du tout si ce n’est du foutage de gueule !».

Cela nous est arrivé à Salta de nous trouver confrontés, lors de la célébration du 24 mars 1976, coup d’état des généraux, invitant au devoir de mémoires quand la répression et les prisonniers politiques n’ont rien d’historique mais constituent un douloureux présent, à cette colère sourde et impressionante qui te glace et te serre le bide.

Ce lundi, c’est à Buenos Aires, sur le pont Pueyrredon : le plus connu de la capitale : il est le symbole des « piquetes », (les coupures de route lors des manifestations de chômeurs), que l’on réclamait justice. Dénonciation de ce foutage de gueule d’un gouvernement tiède qui ne cherche que les coups médiatiques, quand l’on commémorre la mort de Maximiliano Koteski et Dario Santillan, deux jeunes assassinés il y a quatre ans par la police après une répression terriblement violente, ordonnée contre les piqueteros qui cherchaient à couper ce même pont pour réclamer de l’aide aux secteurs les plus touchés par la crise économique de 2001 : ce pan de la société où mourir de faim n’avait et n’a toujours rien d’extraordinaire....

Martin, un copain d’Eugenie, nous parle de cette journée de manifestation réprimée dans le sang à laquelle il participait, et nous dit cette meme nuit avec une sincerité sereine qu’il ne veut pas d’enfant, par simple crainte de ne pouvoir le nourrir et de le voir crever de faim.

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