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tribulations argentines
9 mars 2006

La Ibera

Colectivo pour la reserve
Por fin ! Trois herues que l on attend ce vieux combi broutant : un probleme d eau de refroidissement parait il... Trois heures que l on sue sur les fauteuils en sky bleu, dans les vapeurs brulantes de naphta, les petits pains brioches embaument devant nous... autant que les cartons de poulets a nos pied qui transpirent et jutent !
Du coup, on a eu le temps de decouvrir Mercedes, joli bourg ( la deuxieme ville de la province malgre les apparences ), ou tout va tranquillement, les amoureux sur leur velo, la demoiselle en amazone, les gauchos en espadrille et chapeaux de feutre a tres larges bords, les mobylettes collectives. Maisa 12 heurs les volets sont tombes, les ures sommeillent, on deguste quelques glaces maisons sur la placette, (les argentins se sont plus qu appropriees les traditions des nombreux migrants italiens du debut du siecle, apres la viande, le plat national, ce sont les pates fraiches et les pizzas, et les glaces ne sont pas en reste !!)

Puis la route. Une route qui n en finit pas de s etirer parmi la plaine qui n en finit pas d atteindre l horizon. Le bordel du moteur qui geint, la carcasse metallique qui grelotte et les vitres qui claquent des dents - l air etouffant de chaleur moite et terreuse qui te bat les tympans. De longues heures de solitude (impossible de s entendre) a ficer beatement ces trop grands espaces. La profondeur de champ est abyssale et le regard se noie avant d avoir atteint l horizon.
Seules huit ou neuf estancias disseminees sur la plaine entr la piste et l horizon sur 160kms ! Le combi livrent les cartouches de cigarettes et les sacs de pain sur la route. Mais la livraison n et pas a proprement a domicile non plus, le gaucho qui vient chercher la commande doit faire pas mal de borne a cheval pour parvenir au portail de l estancia et attendre le combi sur le bas cote, or nous avons trois heures de retard, mais le gaucho attend tranquillement ses clopes a l ombre chaude et parcimonieuse d un eucalyptus. Le temp s egrene plus en jours qu en heure que lon semble ne pas compter...

Partout sur la route, des paysages noirs et bruns roussis se succedent et trahissent de nombreux incendies. Trois quatre mois qu il na pas plu, mais l air est lourd. A l horizon, entre les bois d eucalyptus, d enormes nuages sombres montent en chantilly, roses au crepuscule, et l on ne se mefie pas... Carlos pellegrini, colonia de l Ibera, village de 700 ames pose au beau milieu du lac. On se pose au hasard au bord de la lagune entre les roseaux et la plage entre chien et loup. Je patauge allegrement dans la vase, et peu apres explosent des bruits sourds de bestiaux se jetant dans l eau... Carpinchos ? Caimans ?...
On dine au chandelle de luciole avec les grincants violons des moustiques.
On sue la creme anti moustique dans nos duvets par 35 degres. On finit par rentrer dans la tente ou nous macerons dans notre jus. La chaleur m assome mais bientot l orage tonne et des eclats blancs allument le ciel entier. En songe, tout cela parait tres beau, mais quand les premiers gouttes percutantes finissent de me reveiller, je prends peur. Eugenie emerge brusquement aussi et on ne reflechis meme pas, on deguerpit. Debandade. Nous rangeons tout a l arrrache, a la fois terrorisees et emerveillees par le spectacle de la lagune etincelante, par la conviction du tonnerre et des eclairs enflammant l horizon d un eclat puissant et doux a la fois, diffus derriere la nuee.
Course en savate sur le sable puis sur le chamin de terre rouge ou viennent s eclater de pesantes gouttes _Deluge_
On se refugie sous un toit de tole, 40 minutes a attendre la fin du deluge pae cette nuit eclairee de toute part, un cheval a bord de notre Arche, prostre sous la pluie, resigne. Fin de nuit encore plus moite, mais fraiche cette fois, si lon omet les cuisantes demangeaisons.
Le bruit des velos et des chevaux traversant le carrefour a gue nous reveillent doucement.

On file alors sur un chemin de terre rouge qui nous ouvre les eaux, a travers une nuee d oiseaux incroyable jusqu a la maison des gardes forestiers d ou partent de petits sentiers sous le couvert humide d une vegetation tres dense ou entre les roseaux et les palmiers plus avares de leur ombre...
Mais partout les memes chichallas : cigales infernales, le chant delicat d une perceuse ! Pics verts, colibris, cardinillas, pataacas, aigrettes, cigognes et grues... pour les quelques oiseaux que je sais reconnaitre dans ces essaims de plumes et d ocelles, des papillons gigantesques aux couleurs etonnantes ! A terre, les familles de carpinchos, des grosses peluches comme de tres gros ragondins haut sur pattes paissent tranquillement, des biches des marais font des apparitions fugaces, et les caimans se dorent au soleil entre les nenuphars...

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